Symposium de Strasbourg : témoignage de Michel Billé

Parler de maladie d’Alzheimer, c’est bien sûr d’abord parler de la souffrance de ceux qui la portent et des difficultés de leur entourage. Mais parler de la maladie d’Alzheimer c’est implicitement aussi parler de recherche scientifique, de soins et de traitements, du rapport que nous entretenons avec cette maladie et avec ces malades de tous âges. C’est parler du contexte dans lequel se produisent tous les phénomènes qui entourent cette maladie, bref c’est parler d’un phénomène de société.

En d’autres termes, parler de la maladie d’Alzheimer c’est non seulement parler de ce que c’est -et nous ignorons encore beaucoup de choses- mais c’est aussi chercher à comprendre ce que la maladie nous dit de notre société, de son fonctionnement et de notre manière de faire société avec ou sans les malades.

La maladie peut alors être regardée non seulement pour ce qu’elle est mais aussi comme une métaphore de notre fonctionnement social. Nous vivons en effet dans une société perturbée dans son rapport au temps et à l’espace, société qui présente des troubles de la mémoire et de la langue, société perturbée dans sa capacité à établir ou cultiver du lien, de la relation, société de dé-liaison…

Si nous acceptons d’entrer dans cette réflexion, il se pourrait bien que nous acceptions du même coup de regarder les malades autrement et d’entendre ce qu’à bas bruit, ils nous disent de nous-mêmes…