La Validation® de Naomi Feil, une méthode déjà utilisée en France – La Vie, 22 février 2007
A Reims, les maisons de retraite du Centre Hospitalier s’inspirent de Naomi Feil pour aider les soignants à sortir de l’impasse.
Depuis plusieurs jours, Mme K., pensionnaire d’un établissement long séjour du CHU de Reims, hurle quand on l’aide à se laver. Coup de fil à Martine Dziuba : « Au secours, Martine, on bloque! » Cette infirmière, formée à la méthode de Validation® de Naomi Feil, vient alors assister à la toilette, donnant aux jeunes femmes des clefs pour communiquer avec la patiente. D’abord, placer son visage à hauteur du sien en position d’écoute active et tenter de comprendre ce qu’elle souhaite exprimer en reformulant ses paroles, en lui posant des questions avec respect et délicatesse. La plupart du temps,les tensions se résorbent. Martine intervient à la demande des soignants dans les quatre établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) du Centre Hospitalier de Reims, soit un millier de lits, dont 60 % sont occupés par des résidents atteints de démence de type Alzheimer. «La médecine a réalisé de réels progrès thérapeutiques », explique le Docteur Frédéric Munsch, psycho gériatre, médecin coordonnateur. « Mais, une fois que les patients ont pris leurs médicaments, Il faut bien vivre avec eux et les accompagner. Les travaux de Naomi Feil fournissent des outils efficaces pour gérer la vie quotidienne, et une éthique de la relation, très motivante pour les professionnels. »
» Nous n’avions pas le choix », renchérit Sophie Filliette, cadre supérieur de santé chargée de l’ensembledes maisons de retraite de l’hôpital, « il y a une quinzaine d’années, nous avons vu déferler ces patients désorientés. Nous étions submergés, impuissants. En 1990, nous avons entendu parler de la méthode de Naomi Feil. » Depuis quelques mois, le Docteur Munsch et son équipe ont créé une unité de vie pilote pour douze résidents. désorientés, inspirée d’une structure créée au CHU de Dijon il y a plus de dix ans et qui a ouvert la perspective de travailler autrement au sein même d’une maison de retraite. Les pensionnaires vivent à leur rythme, se réveillent quand ils le souhaitent, participent à la confection de leurs repas, qu’ils prennent avec les membres du personnel, tous volontaires et formés aux bases de la méthode de Validation®. « Les priorités sont différentes de celles d’une maison de retraite traditionnelle, confie Gaëlle, jeune aide-soignante. « Si la personne est triste, nous prenons le temps d’entrer en relation. Tant pis si la toilette n’est pas faite de la tête aux pieds, ce jour-là. L’important est avant tout que le patient se sente compris et s’apaise. »
Dominique Fonlupt – La Vie, 22 février 2007